Qui peut douter de l’intérêt et de l’atout touristique du parc animalier deux-sévrien pour l’attractivité du territoire ? Qui peut ignorer qu’une évolution du parc est la meilleure garantie de sa pérennité et de son développement ? Qui, enfin, peut se désintéresser de l’impact économique et de l’emploi que représente le parc sur un territoire au dynamisme relatif ?

Ce lundi 24 septembre, la majorité départementale a présenté son projet à l’occasion de la séance publique. Le contexte serait porteur avec la fermeture de deux des 4 parcs français existants dédiés à la faune européenne d’ici 2020. De plus, le marais poitevin reste un pôle d’attractivité majeur qui peut indéniablement drainer un public aujourd’hui éloigné.

Il nous est donc proposé de renouveler l’expérience du visiteur autour de neuf « odyssées ». Il est envisagé une refonte en profondeur des habitats, des travaux de rénovation importants et l’accueil de nouvelles espèces jusqu’à 2022. Jusque-là, pourquoi pas ?

Mais pourquoi vouloir créer une Odyssée polaire et outre-mer ? On est loin de la faune européenne ! Pourquoi vouloir embrasser l’ensemble des biotopes hexagonaux et devoir artificiellement reconstituer des environnements de montagne, méditerranéens ou camarguais ! Pourquoi sacrifier l’esprit du projet initial, articulant préservation des espèces locales et éducation à l’environnement au profit d’un projet tourné vers la seule finalité touristique et surtout économique où la faune n’est plus qu’un prétexte ?

Non-sens écologique, contre-sens environnemental, erreur sociétale, ce projet risque de se solder par une impasse financière, lourde de conséquences pour les deux-sévriens. Bien sûr la caution du CNRS, la reproduction d’espèces en danger, l’éducation du public, la permanence d’une ferme, sont toujours mises en avant mais ce qu’il faut retenir c’est la densification du nombre d’espèces sur les 30 hectares du parc et donc la transformation en un zoo classique, la création ex-nihilo de milieux exogènes loin de l’environnement de la Gâtine ou du Marais poitevin, l’introduction d’espaces récréatifs qui se rapprochent, sans heureusement l’égaler, d’une logique de parc d’attraction.

Quelle erreur historique ! Au moment où le respect de la cause animale n’a jamais été aussi aigu, au moment où le changement climatique s’impose plus que jamais avec son lot d’inquiétudes, au moment où l’impératif d’explication n’a jamais été plus indispensable, un autre projet est possible et doit être soumis à la validation des deux-sévriens. S’appuyant sur l’histoire et l’expertise de Zoodyssée, l’avenir pourrait s’appuyer sur un projet équilibré, pédagogique, économe en ressources financières et environnementales autour de deux idées simples : rendre visibles les enjeux du changement climatique sur des milieux fragiles et sur la faune qui les habite avec des difficultés d’adaptation qui menacent la biodiversité. En s’appuyant sur des espèces locales, sauvages ou domestiques, il est aisé de donner à comprendre les dérèglements des milieux à l’échelle du monde sans pour cela donner à voir des espèces exotiques ! Les Deux-Sèvres mérite mieux qu’une pâle copie des zoos du 19ème siècle.